Dans les années 1990, une prospection archéologique préliminaire menée à Kôm Abou Billou par Pascale Ballet et Marie-Dominique Nenna avait permis de repérer une production de faïence et de céramique. Concernant la céramique, une série d’amphores d’époque tardive avait alors été identifiée et les résultats publiés dans la Chronique d’Égypte (LIX, fasc. 138, 1994).

Il s’agit d’amphores nommées Late Roman Amphora 5/6 (amphores romaines tardives 5/6). Ces amphores de forme globulaire avec deux petites anses hautes en oreilles et un réseau de stries réalisées au peigne sur l’épaule sont caractéristiques du VII^e siècle après J.-Chr., et correspondent à une production abondante au début de l’époque islamique. Deux types de cols différents avaient été notés ; grâce aux prospections qui ont été menées par notre mission dès les premières campagnes, ce sont aujourd’hui trois types de cols qui sont connus.

LRA 5/6 de Kôm Abou Billou

En plus de cette grande production d’amphores, nous avons mis en évidence des séries de couvercles-coupelles, de jattes, de plats et de jarres de cuisson qui n’avaient pas été identifiés jusqu’à présent.

Une zone du site a tout particulièrement attiré notre attention lors de la prospection. Dans la partie sud de celui-ci, à l’ouest du canal, nous avons repéré trois buttes sableuses (kôms), bien marquées dans le paysage et comportant une forte concentration de céramiques en surface. Ces céramiques présentaient plusieurs particularités : répétition des formes, niveaux de cuisson variés et donc couleurs différentes (rouge, brune à noir).

Répétition des formes, multiplication des coloris de cuisson, présence de scories et de cendres sont autant d’indices de la présence d’une production de céramiques

Certains tessons présentaient des cas évidents de surcuisson : leur pâte était noire et ils présentaient des déformations ou des bulles en surface. Accompagnant ces tessons, nous avons remarqué de nombreuses scories (résidus de cuissons produits par les fours) et des poches de cendre. C’est la multiplication de tous ces éléments qui nous incite à interpréter cet ensemble comme le lieu de rejet d’un atelier de potier du début de l’époque islamique.

Tesson de LRA 5/6 déformé à la cuisson

La localisation de cet atelier de potier, en particulier pour la production d’amphores, pourrait être à relier à l’hypothèse selon laquelle le natron du Ouadi Natroun aurait été commercialisé dans ces conteneurs : transporté jusqu’au centre urbain proche qu’était Térénouthis, il a pu y être reconditionné puis transporté jusqu’à Alexandrie et Fustat, pour y être mis en vente.