Dans l’angle sud-ouest du site actuel s’élèvent de larges murs, construits à l’aide de briques crues de grand module. Les photographies satellite montrent une structure rectangulaire de 100m de côté, dont la taille exclut d’y voir un édifice privé. C’est à cet endroit en effet que s’élevait un temple dédié à la déesse Hathor de Mefkat. D’après les courts rapports publiés par les premiers archéologues venus visiter le site à l’extrême fin du XIXe siècle, c’est à cet endroit qu’ils ont découvert des blocs de calcaire fin, représentant Ptolémée Ier et Ptolémée II faisant des offrandes à la déesse Hathor.
Localisation du sanctuaire. Photographie satellite (GoogleEarth). Les différentes enceintes sont bien visibles sur la photographie.
L’étude préliminaire de l’enceinte menée par notre équipe a montré qu’elle a fonctionné sur une longue période puisqu’elle présente des traces de réoccupation d’époque byzantine. Nous avons, depuis 2014, effectué une couverture photographique complète par cerf-volant de la zone, réalisé une prospection pédestre de surface, une prospection magnétométrique et ouvert plusieurs sondages. L’objectif est de comprendre l’organisation de la structure, sa chronologie et son lien avec l’urbanisme général de la ville.
Les opérations de photographie par cerf-volant sur la zone du sanctuaire
La situation actuelle de l’édifice ne reflète pas sa localisation ancienne. Il devait occuper une position plus centrale, mais les zones occidentales du site ont été depuis longtemps rendues à l’agriculture. Les bâtiments qui se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte ne sont plus visibles aujourd’hui. On ne sait si le sanctuaire était organisé en plusieurs chapelles ou s’il était constitué d’un bâtiment unique, éventuellement avec des dépendances. La topographie des lieux semble donner une préférence à la seconde hypothèse, ce que nos fouilles des prochaines campagnes devraient permettre de révéler. Les premiers sondages, effectués en 2015 et 2016 ont permis de mettre au jour plusieurs larges murs de briques crues, datant de l’époque saïte et de l’époque perse, correspondant vraisemblablement aux enceintes intérieures de la structure. Associés à ces murs, nous avons découvert des structures de nature domestiques remontant au Ve s. avant notre ère.
Fouille des structures de nature domestique à l’intérieur du sanctuaire (2015)
Si l’archéologie n’a pour le moment livré que des résultats préliminaires sur le terrain, la documentation provenant des musées du monde entier nous permet de mieux connaître le fonctionnement du temple et les prêtres qui y officiaient. La statue cube d’un vizir du VIIe siècle avant notre ère, Horsemataouyemhat, porte ainsi un titre de prêtre spécifiquement attaché au culte de l’Harsomtous de Mefkat, khou-ouadj, « celui-qui-protège-la-tige-de-papyrus ». La courte inscription gravée sur le devant de la statue contient un appel à « tout prêtre qui entrera dans le domaine d’Hathor dame de Mefkat » : ce texte confirme le nom de la déesse locale, mais nous apprend aussi que la statue devait se trouver dans un lieu du temple accessible aux prêtres. D’autres statues et stèles nous font connaître les sacerdoces et personnels attachés à la déesse. Une statue conservée au musée du Vatican indique en effet que l’un des prêtres de la déesse portait le titre spécifique de sak-hat « celui-qui-rassemble-la-partie-antérieure ». Ce titre fait référence explicitement à l’action de remplacer la tête de la déesse par une tête de vache, dans un épisode mythologique renvoyant au mythe osirien et au combat entre Horus et Seth.
L’une des questions qui reste en suspens concerne l’intégration du temple dans le tissu urbain. La nécropole se tenait à courte distance, mais on ne connaît rien pour le moment d’un éventuel quartier urbain d’époque pharaonique. Les trois éléments, temple, ville et nécropole, fonctionnaient de manière associée et il est donc probable que la ville pharaonique se trouve encore aujourd’hui sous les niveaux plus tardifs qui entourent le temple.
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